Au vu de ce pedigree, Filoche fait le fier : « Elle a gagné 12 procédures sur 12, le patron est trois fois délinquant ».
« Une pure invention », répond Me Varaut. Après l’audience, il indiquera à Marianne2 qu’en fait le Conseil d’Etat a été saisi sur le licenciement mais n’a finalement pas
statué et que les deux parties ont conclu un arrangement financier tenu secret. Des arguments qui n’atteignaient pas l'ex-inspecteur : « La Cour administrative d’appel a rendu un
jugement définitif ».
Et Filoche veut que cette audience soit le procès de tous les patrons voyous. « Si le jugement est défavorable, pour moi, ce ne sera pas
grave, je suis à la retraite. Mais ce le sera pour tous les inspecteurs du travail », lance-t-il à ses juges.
A l’inverse, Me Varaut refuse tout procès politique, débutant sa plaidoirie par une touche d’ironie : « On a entendu des ex-directeurs de
Gérard Filoche, des chercheurs, des camarades politiques pour dire deux choses : le droit social va mal et Gérard Filoche est quelqu’un de bien ». Pour lui, « ce qui nous intéresse,
c’est ce qu’il s’est passé le 23 juillet ». Me Varaut reproche notamment à Filoche d’avoir choisi des témoins très politiques et non des protagonistes directs de l’affaire : « Pourquoi
ne pas avoir fait venir des gens qui ont assisté à la scène ? Parce que tous les témoignages ne lui sont guère favorables ». Filoche répond que les salariés ont subi des pressions
de leur direction.
De son côté, l’avocat de Filoche estime que son client n’a en aucun cas entravé le fonctionnement du CE : « La réunion s’est déroulée
normalement et a abouti à un vote secret ». Dans sa plaidoirie, il cite une jurisprudence de la Cour de Cassation datant de 1983 donnant une définition restrictive du délit
d’entrave. Il invite également le tribunal à penser aux conséquences d’un jugement défavorable à Filoche : « On apportera de l’eau au moulin de ceux qui pensent que la liberté de penser s’arrête là où commence le Code du travail ».
Il conclut ainsi sa plaidoirie : « Avec lui (Gérard Filoche, ndlr), indignez-vous ! »
Mais si le procureur s’est indigné, c’est surtout contre Filoche. Dans son réquisitoire, elle demande sa condamnation à 2000 euros d’amende.
Délibéré le 12 octobre.
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Migennes 10-2010
et procès TGI Paris 2011