La mémoire de Jorge SEMPRUN, le Républicain espagnol célébrée à Joigny les 14 & 19 octobre 2013!

Fils et petits-fils de Républicains espagnols souhaitaient marquer les esprits, à l'occasion du 70 e anniversaire de l'arrestation de Jorge Semprun, à Joigny. Leur v'u a été exaucé, samedi, devant la maison, sise 28, rue d'Épizy, où le jeune espagnol fut arrêté, le 8 octobre 1943, avec la résistante Irène Chiot.

Une plaque dévoilée en présence de Monique Collet, petite-cousine de la Jovinienne, et des membres de l'association Mémoire, Histoire des Républicains espagnols 89 (MHRE), rend hommage à ces illustres personnages : « On tenait beaucoup à mettre en avant le Républicain espagnol, Jorge Semprun, en 2013, a expliqué Manuel Sanz, le président de l'association MHRE 89, créée il y a cinq ans seulement. Cet homme est beaucoup plus connu pour son 'uvre littéraire que pour son engagement pendant le Seconde Guerre mondiale. »

Avant de prendre la plume pour écrire les scenarii des films Z et L'Aveu de Costa Gavras, et bien avant d'être nommé ministre de la Culture dans le premier gouvernement socialiste espagnol de l'après franquisme (1988-1991), Jorge Semprun a résisté, en France, contre l'occupant nazi.

Le jeune homme avait quitté son Espagne natale avec ses parents, quelques années plus tôt, pour fuir la dictature. Envoyé dans l'Yonne pour récupérer des armes au cours de l'été 1943, celui dont les faux papiers étaient au nom de Gérard Sorel, jardinier, est arrêté à Joigny, puis détenu à la prison d'Auxerre et torturé par la Gestapo à l'hôpital psychiatrique, avant d'être déporté au camp de concentration de Buchenwald. Son premier ouvrage Le Grand voyage (1963) évoque cette sombre période de l'Histoire.

Décédé en 2011, Jorge Semprun a été inhumé dans le drapeau républicain espagnol en Seine-et-Marne. Samedi, bon nombre de participants ont salué « le courage » de cet homme au cours d'une conférence de la MHRE 89, qui se tenait dans les salons de l'hôtel de ville, après la découverte de la plaque.

« On luttait contre le nazisme et la barbarie qu'on avait connus en Espagne, confiait Godefroy Villa, qui a lui aussi résisté dans l'Yonne. Ce n'était pas qu'une histoire tricolore. Cela dépassait les frontières. » L'écrivain, journaliste et amie de Jorge Semprun, Evelyn Mesquida, prépare justement un livre pour que l'engagement de ces Républicains espagnols dans la Résistance soit apprécié à sa juste valeur.

« En 1939, plus de 500.000 hommes, femmes, enfants et vieillards se sont réfugiés en France, rappelait-elle. Parmi eux, se trouvaient des combattants aguerris par la guerre d'Espagne. Ils se sont engagés aux côtés des Français. Il reste beaucoup de choses à faire pour que ces Républicains espagnols soient reconnus. Ils sont encore trop oubliés. »

Estelle Dissay
estelle.dissay@centrefrance.com